Que faire dans le cas d’une blessure aiguë ? Mettre de la glace ? Ou bien de la chaleur ? Pourquoi pas les 2 en alternance ? Prendre des anti-inflammatoires ? Le repos complet c’est bon ou à proscrire? L’utilisation de béquilles ? Ne rien faire et continuer à courir ?
Comme professionnel de la santé, on se fait souvent questionner sur les meilleures pratiques à adopter dans les premiers jours suivants une blessure tissulaire (entorse, claquage etc). C’est un sujet qui a beaucoup été étudié dans les dernières années. Les recommandations ont maintes fois évoluées, si bien qu’il y a de quoi ne plus savoir à quoi s’en tenir en matière de soins aiguës.
Heureusement, l’équipe de chercheurs de La Clinique du Coureur a mis sur pied un acronyme facile à mémoriser et basé sur les évidences à jour concernant la marche à suivre dans les premiers jours suivant une blessure/lésion. Je vous présente donc le PEACE & LOVE.
Suite au traumatisme, la première étape est de protéger (P) la structure ayant subi la lésion. Par exemple, suite à une entorse de cheville, on enlève la mise en charge sur la jambe atteinte afin de réduire le stress appliquée au ligament de la cheville. C’est durant cette courte phase que l’utilisation de béquilles peut venir aider lors des déplacements et changement de position.
Il est recommandé de maintenir la jambe en élévation (E) afin de favoriser le retour veineux et prévenir l’engorgement des fluides près de la blessure.
Au risque d’en surprendre plus qu’un, il est préférable d’éviter la prise d’agents anti-inflammatoires (A), car l’inflammation qui se produit au site de lésion est une réaction du corps tout à fait souhaitable. L’inflammation est en fait la première phase de guérison. En altérant ce processus naturel, les anti-inflammatoires retardent la guérison du tissu endommagé. Si la douleur est tolérable, la glace est également à garder à l’écart pour la même raison, quoique dans une moindre mesure.
La compression (C) à l’aide d’un bandage est toujours une recommandation en vigueur afin de prévenir un enflure démesurée qui pourrait endommager les tissus environnants.
L’éducation (E) par rapport à la blessure est primordial afin de bien prendre en charge sa blessure. Méfiez-vous de Dr.Google et faites confiance aux processus naturels de guérison de votre corps. On évite ainsi la surmédicalisation qui tend à favoriser la prise de médicaments non essentiels à la guérison et à réaliser trop d’imageries souvent inutiles qui génèrent de l’anxiété et des comportements de surprotection.
Après quelques jours et lorsque votre état s’améliore au quotidien, on peut commencer à débuter les principes de réadaptation du LOVE.
Commencer à augmenter le load (L)/la charge sur la structure en progressant la mise en charge et la reprise des activités quotidiennes et/ou sportives. Revenons à l’exemple de l’entorse de cheville, il est temps de remettre les béquilles au placard et commencer à mettre son poids sur la jambe blessée, de reprendre la marche dans la maison en minimisant la boiterie. Cette étape est cruciale pour créer un petit stress mécanique sur le ligament et ainsi stimuler la guérison.
Souriez et restez positif ! Notre cerveau a besoin d’une bonne dose d’optimisme (O) pour favoriser la transition entre le mode protection vers un mode adaptatif. En effet, la perception de la douleur est directement influencée par notre état d’esprit. Plus notre cerveau perçoit la douleur comme une nuisance ou une menace, plus les messages douloureux seront intenses et plus la souffrance sera grande. La vision du verre à moitié plein prend tout son sens dans un contexte de blessure!
Rapidement, il est souhaitable de débuter des activités aérobiques une fois les premiers 72h passés. Le cardio va augmenter la vascularisation (V) dans la région atteinte et donc accélérer les processus de guérison. Le sang apporte tous les nutriments et les cellules que ton corps a besoin pour se réparer. Ces courtes séances peuvent se traduire par exemple par 10 à 20 min de vélo avec une intensité modérée, bref assez pour donner chaud sans augmenter les symptômes.
Par la suite, on peut compléter la réadaptation en débutant des exercices (E) plus spécifiques à la lésion. Ces exercices aideront à lever les limitations encourues par la blessure tel le manque d’amplitude, de force, d’équilibre et/ou d’endurance afin de reprendre toutes vos activités quotidiennes et sans restriction.
Bonne récupération !
Cet article a été créé par Viviane Beaulieu-Amirault, M.PHT